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Les Causeries du Grand-Père – Frédéric Passy

    Avec cet ouvrage de Frédéric Passy, nous reprenons notre collaboration avec l’Institut Mises France, cette fois avec un auteur qui, sans être strictement de l’École Autrichienne, en reste un proche. Surtout, avec ce livre, l’auteur répond à notre objectif didactique commun.

    Frédéric Passy fut un esprit brillant, à la fois économiste et homme politique, journaliste et pédagogue, qui consacra sa vie à la paix et la liberté. Il devint l’un des deux lauréats du premier prix Nobel de la paix, en 1901, après avoir fondé la Société d’Arbitrage entre Nations, ancêtre de l’ONU.

    Avec Les Causeries du Grand-Père, Frédéric Passy exerce son talent de pédagogie avec une œuvre peu technique et très accessible, destinée aux jeunes mais qui servira sans nul doute à tous, et surtout qui reste pertinente. Si le monde actuel a bien évolué depuis 1905, rien n’a pourtant changé dans les lois économiques qui pourrait vraiment mettre ses lumières en défaut.

    Ce livre s’aborde comme son titre l’annonce. Il n’est pas destiné à une lecture continue, de la première à la dernière page, d’un trait. Il convient aux conversations familiales, aux soirées au coin du feu – en espérant que ces moments existent encore dans notre société accélérée de l’omni-téléphone.

    Ces causeries sont bien sûr progressives dans leur manière d’aborder les notions économiques, commençant par les fausses perceptions «sociales» que l’on reconnaîtra dans notre actualité, pour développer peu à peu les concepts fondamentaux. Ainsi, la propriété privée, le capital, la monnaie, le taux d’intérêt et le rôle des machines sont abordés. Puis, en venant au commerce, l’auteur consacre plusieurs pages à évoquer Richard Cobden, proche de Frédéric Bastiat, célèbre pour sa lutte contre le protectionnisme.

    Ce sont notamment ces passages, inspirés de Bastiat, ainsi que la dernière partie, dont les thèmes annoncent une vision sociale proche de la société libre, qui nous ont convaincus de publier ces pages dans notre collection.

            

    Prenons quelques extraits pour illustration. En ces temps d’inflation, il est intéressant de (re)découvrir ce qui, pour l’auteur, caractérise la monnaie :

    Une marchandise universelle, commode et portative, avec laquelle on se procure toutes les autres marchandises. Voilà la définition de la monnaie.

    Nous sommes loin du compte désormais, à l’heure de la lente disparition des espèces de nos porte-monnaie. Mais l’époque est également fortement réfractaire au « capitalisme ». Pourtant, l’auteur, là encore, nous rappelle l’évidence des liens étroits entre économie et droit, projets et entreprises :

    Tout capital est une propriété, et toute propriété, envisagée d’un certain point de vue, est un capital. Les machines, en particulier, sont du capital. Un capital, c’est de la richesse employée ou destinée à produire.

    Un autre mythe profondément ancré dans les esprits – et je doute que cinq générations aient depuis significativement changé sa portée – concerne la spéculation. Le spéculateur est toujours détesté, il est source de rejet et de mobilisation contre les profits abusifs qu’il amasse, sans jamais rien faire.

    Spéculer, dans ce sens (et c’est bien le sens grammatical du mot), c’est prévoir ou chercher à prévoir pour soi ou à prévoir pour les autres. Qu’y a-t-il de plus respectable et de plus utile que la prévoyance ?

    Enfin, pour finir de se convaincre de la proximité de Frédéric Passy avec l’École Autrichienne, considérons cet extrait, tiré d’une conversation avec Gustave de Molinari sur la liberté de l’enseignement. On y voit que dans son esprit affûté d’économiste, il recentre bien sa démarche analytique sur l’action humaine, cette action humaine qui est au cœur de l’ensemble de la doctrine économique des héritiers de Carl Menger et Ludwig von Mises

    Il n’y a, en somme, que deux règles dont puissent relever les actions humaines : la règle volontaire et la règle involontaire, la morale et la loi. Tout revient à appliquer bien ou mal ces deux règles.

    Frédéric Passy n’a pas choisi la symbolique du grand-père uniquement par l’inspiration de son grand âge – il a 83 ans à la publication du livre – mais aussi parce qu’il nous propose ses recettes de grand-mère, chacune de ces causeries est conçue comme un héritage intemporel, à transmettre.
    Ce court livre, accessible et très facile à lire, constitue ainsi un cadeau pour la jeunesse actuelle, alors même qu’elle pourrait bien perdre le goût de la lecture et le goût de l’économie. Merci à tous ceux qui lui feront découvrir.

    Stéphane Geyres
    Directeur de Collection